Mardi 30 septembre 2008 – Samedi 04 octobre 2008 : traversée Sines – Porto Santo (Madère)
Nous partons à 6h Temps Universel (8 heures en France) de Sines, direction l’archipel de Madère. Nous comptons arriver plus exactement à l’ile de Porto Santo qui est à 30 miles au NE de l’ile de Madère proprement dite, soit environ 50 kms plus en amont de Madère sur notre trajet.
Hier, nous avons effectué l’avitaillement du bord à Sines. Cette petite ville côtière n’a pas de supermarché mais seulement de nombreuses petites superettes, installées parfois dans 10 m2. Ces dernières vendent des produits de base (eau, conserves, pain, lait, laitages et charcuteries) et des fruits et légumes mais pas de viande. Il faut pour cela aller dans une bonne vieille boucherie des familles. Cette situation n’est pas sans me rappeler ma ville d’origine, du temps de mon enfance. Pour ma part, je choisi d’aller dans une boucherie du marché couvert tenue par un sympathique couple quadragénaire qui ne parle pas un mot de français ! Cependant, à force de patience et d’écoute de leur part et à l’aide de quelques mots d’espagnol et d’anglais, j’arrive à mes fins. Nous découvrirons par la suite au court de la traversée que leurs viandes et saucisses sont délicieuses et bien réconfortante. Lorsqu’ils savent que c’est pour partir pour Madère, ils me souhaitent chaleureusement bon voyage et ça me fait chaud au cœur.
Le premier jour de navigation est très calme : pas de vent au lieu des 10 nœuds de prévus jusqu’à 10 miles de la côte malgré les éoliennes que l’on voit tourner au loin. Nous mettons le moteur. Enfin, vers 9h TU, nous hissons la grand voile et le génois ; la mer est peu agitée mais devient agitée. Puis vers 16h TU, le vent forcit encore, de 10 à 20 nœuds, et la mer devient forte. Nous prenons 1 ris et roulons le génois de moitié car nous sommes grand largue. Une sterne se pose sur le radar pour se reposer un peu et reste là quelques temps, sans sembler indisposée par le mouvement de balançoire du radar. Peu après, nous croisons le trimaran IDEC au portant, grand voile déployée et génois. Il file comme le vent… c’est un autre monde !
La première nuit se passe comme dans une machine à laver : nous sommes secoués de toute part par une mer forte et un vent moyen de 20 nœuds ; la mer moutonne. Ce n’est que le début… Heureusement, nous ne sommes pas malades, à part Alexandre qui vomit une fois au début. J’en conclue que je me suis enfin amarinée ; ce n’est pas trop tôt, au bout de 2 mois !!!
Peu avant le coucher du soleil, nous enlevons la grand voile et faisons route sous ½ génois seul. La nuit est heureusement étoilée et étonnamment chaude. Enfin, « chaude » car nous n’avons pas aussi froid que d’habitude au petit matin sur le coup des 4-5 heures ! Nous avons tout de même revêtu notre ciré intégral (veste et salopette) sur un pantalon et un polo technique + une veste polaire et un « windstopper » (coupe-vent respirant). Bien sûr, nous avons mis notre gilet avec harnais intégré et nous nous attachons à chaque fois que nous montons dans le cockpit. Pas de risques inutiles, ça secoue bien assez comme ça !
Nous avons notre lot de cargos le temps de passer au travers du rail qui longe le Portugal en direction du détroit de Gibraltar.
Le soleil se lève sur un deuxième jour blafard et une mer agitée aux reflets métalliques. Le temps s’est couvert et les nuages gris nous plombent le moral. Heureusement, le soleil réussit peu à peu à percer et ça fait du bien. Moi qui pensais que « anticyclone » était synonyme de ciel bleu !!! On met le moteur pour recharger les batteries pendant 1h. La mer qui était forte devient seulement agitée vers 16 heures puis peu agitée la nuit. Petite averse dans la nuit.
Matin du troisième jour, le 02 octobre. Le vent vient toujours du nord et nous sommes au portant. La mer, peu agitée, devient agitée et le vent voisine les 20 nœuds. La crête des vagues se brise en moutonnant et avec force grondement non loin de l’arrière du bateau. A chaque passage de vague, celle-ci soulève le bateau par l’arrière puis passe sous la coque en nous faisant surfer ! La couleur de la mer est gris plomb, sombre. Les nuages passent doucement au dessus de nous. On commence à s’habituer à ces matins peu engageants… Le soleil sortant, la couleur de la mer devient bleu outremer ! C’est joli, sauf qu’il y a encore pas mal de moutons.
Vers 2h TU, le vent forcit à 25 nœuds et jusqu’à 33 nœuds dans une rafale. La mer agitée devient forte localement. Claude voit soudain une vague qui se dresse menaçante et quasiment à la verticale derrière lui ! C’est tellement impressionnant qu’il préfère s’avancer illico tout l’avant du cockpit ! Heureusement, ça passe sans casse… il en est quitte pour une belle frayeur !
Nous recommençons à croiser des cargos mais aussi un voilier sur la fin de la nuit. C’est bon signe ! Nous ne sommes plus tout seul !
Le quatrième jour, le vent du NE oscille entre 15 et 25 nœuds sous les nuages et la mer agitée à forte. Nous voyons que le voilier qui s’est rapproché de nous a mis sa trinquette, nous rattrape et nous dépasse. Nous échangeons donc notre 1 /2 génois contre la trinquette. C’était une très bonne idée : nous sommes moins secoués et le bateau passe les vagues de manière plus fluide. On gardera la trinquette jusqu’à Porto Santo. Le jour et la nuit passe ainsi, à repérer les voiliers de plus en plus nombreux.
Nous arrivons dans le port de Porto Santo avec un vent encore très fort. Le coin des bateaux de plaisance est minuscule, à peine 2 catways. Nous repérons une place mais en arrivant à proximité nous constatons qu’elle est trop petite en largeur (le bateau avoisine les 4 mètres de large). Mais le vent nous pousse inexorablement et nous sommes contraints de nous plaquer contre un ponton perpendiculaire aux catways. Pas de casse. Il est 5 heures du matin. On essaie de dormir.
Dès notre lever, nous rencontrons un copain, Seb, avec qui nous avions sympathisé depuis notre rencontre à Leixoes. Lui et sa famille (Fred, Malouen 5 ans et Titouan 3 ans) sont au mouillage. Ils sont partis de Cascais et arrivés 2 jours avant nous. Ils partent pour l’ile de Madère aujourd’hui. Avant de rejoindre son bateau, Seb nous fait rencontrer Béatrice, Francis et leurs enfants Josua 9 ans et Tao 7 ans, qui nous invitent le soir même à l’apéro sur leur bateau. Nous y rencontrons Vanessa et Antony qui viennent de Marseille et sont arrivé juste après nous ce matin. C’est l’occasion faire plus ample connaissance devant de bonnes bouteilles et de discuter de nos traversées respectives. Après le stress soutenu de ces 4 derniers jours, ça fait du bien !!!
La géographie de l’ile est conforme à la description du guide : paysage minéral basaltique et végétation de zone aride. C’est impressionnant. On sent que c’est une autre page de notre voyage qui s’ouvre.
Dimanche 05 octobre 2008 : on visite le centre ville pimpant de Porto Santo. Murs blancs et pavage de granit, herbe verte par l’arrosage continu des plates-bandes. Il y a le WIFI au café du coin, chouette ! et la superette SUPER ZARCO est ouverte toute la journée du dimanche !
L’après-midi, plage pour Alexandre et Jacquie (La température de l’eau est enfin comme il faut ! c’est la première fois que je peux me baigner depuis notre départ de France) et balade à pieds pour Claude.
Lundi 06 octobre 2008 : départ de Porto Santo pour la capitale de Madère, Funchal, conjointement avec le bateau de Béa, Francis et leurs enfants. Traversée au moteur dans une mer d’huile et un beau soleil. Mais le courant dans notre nez et le soleil qui baisse nous oblige à nous arrêter avant d’atteindre Funchal : ce sera la marina de Quinta Do Lorde, sur la pointe Est de l’ile.
Mardi 07 octobre 2008 : visite de Funchal. Départ en bus (1h de trajet pour 30 km !).
La suite plus tard !...